Dans mon métier...

Publié le par Malgven

   ... il y a peu de choses que je n'aime vraiment pas faire. J'ai réfléchi à la question l'année dernière, alors que la fatigue se faisait sentir et que je manquais de motivation. A part euthanasier les portées de chiots et de chatons. Et au printemps ça peut arriver plusieurs fois par jour, je me souviens particulièrement d'une journée, où même mon chef m'a demandé ce qu'il se passait. "Rien..." Rien. Sauf que je les ai tenus dans les mains, en me disant non ne les regarde pas. Et que pour le coup entre les nouveaux-nés et les autres ça faisait beaucoup. Mais on se détache, on est obligé, on tente de mettre "ça" dans une case à part. Mon chef, justement, avec lequel j'ai eu la chance de travailler pendant plus d'un an et qui m'a tant appris, et qui malgré les épreuves ne s'est jamais blasé ; mon chef donc, n'aimait vraiment pas les euthanasies. Il demandait souvent à l'autre salarié, Gabriel, de les faire. Non pas parce qu'il était insensible, mais en général, faisant plutôt de la rurale, il n'avait pas soigné l'animal en question, et il parvenait apparemment assez bien à ne pas s'impliquer.

   A part ça, il y a des chirurgies qui me stressent, d'autres dans lesquelles je ne me lancerais pas seule. Il y a les maladies incurables sur de jeunes animaux. Il y a la peur de ne pas savoir, de ne pas trouver, de faire une erreur. Mais même nettoyer le chenil, même m'occuper d'un chat méchant (d'ailleurs je crains plus les chiens méchants) je ne peux pas dire que je n'aime pas ça. D'accord, c'est parce que je ne fais pas que ça. En rurale, il y avait plus de choses physiquement pénibles (oui pour le moment c'est du passé) et plus d'incertitudes, et il fallait se lever la nuit (je l'ai déjà dit j'aime ma couette). Mais de la même manière il y a peu de choses qui me répugnent. - Qu'est-ce que j'aimais conduire au lever du soleil, voir le printemps exploser, aller voir les juments pendant ce chaud mois de juin matin et soir, et aussi les vêlages -

   Restent les relations avec les clients, souvent bonnes et parfois... moins (doux euphémisme). Reste qu'il y en a relativement peu dont on pourrait se faire des amis - d'un autre côté ils ne sont pas là pour ça et moi non plus.

   Finalement, ça ne pèse pas bien lourd, ce que je n'aime pas dans mon métier.

Edit : allez pour une fois je copie les commentaires (dans le changement de blog ils sont passés à la trappe...)

Y*de
ce que je n'aime dans mon métier... ce sont les déceptions. Oui, dans ce méier nous avons parfois de grandes joies. Ou plutôt de grandes satisfactions, mais moi quand je suis satisfaite, je suis joyeuse, c'est comme ça. Il y a aussi de grandes déceptions donc. Quand on s'occupe d'un animal hospitalisé pendant plusieurs jours, quand, malgré la gravité de la situation, le mauvais pronostic, l'expérience, une petite étincelle d'espoir s'est incidieusement glissé en nous, sans qu'on y prenne garde... et là, on arrive le dimanche matin pour changer la perf, faire les soins, et on est déçu. Déçu de n'avoir pas accompli l'impossible.
ce que je n'aime pas dans mon métier, ce sont les phrases toutes faites que l'on entend tous les jours. ''vous avez un beau métier" (s'ils savaient...) "bonjour, je viens pour une castration. C'est pour mon chat, pas pour moi hein! ha ha ha" (la bonne blague ! ...et dire qu'il pense être le premier à me la faire celle-là)

Malgven - Spierre
C'est vrai, c'est tellement vrai : les déceptions, les animaux qu'on soigne jour après jour et qui ne s'en sortent pas. Quant au nombre de fois qu'on entend "ah quel beau métier vous faites"... sans commentaire.
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